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›› Signora delle vigne

Calcagne peint des arbres, il peint des arbres d’une manière particulière.
La peinture de Calcagne est exigeante.
Une exigence formelle d’abord, qui commence avec la technique; par un jeu sur le forma, par l’exploration des techniques picturales, dans un persistant écho à une manière baroque - écho qui ne doit rien au hasard.
Par le choix de ce que Calcagne va poser sur la toile, au sens figuré cette fois : des arbres, des ceps de vigne décharnés sur un fond incertain, une construction qui demande une permanente mise au point, une focalisation mouvante, une remise en cause du regard.


Calcagne impose au spectateur un questionnement multiple, et intime (que veut-il voir ?) - Quel contexte ? Quel désastre ? Verdun ? Auschwitz ? Quels symboles ? L’arbre mort de la Connaissance ? L’arbre mort de la crucifixion (le Christ ou Spartacus) ? Des ceps de vigne ? L’ivresse de Noé ou les comptoirs grecs, média du savoir et de la pensée (expression de l’admiration de Calcagne pour le poète grec Yannis Ritsos) ? Le cep de vigne comme domestication de la terre, comme origine de civilisation, ou l’arbre mort comme synonyme de destruction, comme fin déterminée ?


L’hésitation du regard face à ses toiles : une ambiguïté non seulement choisie mais entretenue et assumée par l’artiste.

La peinture de Calcagne nourrit le dialogue du figuratif et de l’abstrait - les deux dimensions de l’espace exploré ; des arbres pour borner les frontières de la représentation : des arbres comme mesure. Calcagne propose par sa maîtrise une métrique de cet espace - qui est celui des mythes et des symboles. Donc un chemin vers la Connaissance.

Jean-Philippe Roussilhe